Dongyul a eu une enfance banale, entouré de son père, directeur d'entreprise, et de sa mère, infirmière. Il se levait chaque matin, buvait son lait à la fraise, allait en cours, jouait avec ses amis, leur faisait toutes sortes de farces, allait chez son meilleur ami pour jouer à des jeux-vidéos et enfin rentrait chez lui le soir, tard, pour recommencer une nouvelle journée le lendemain. Exactement la même journée. Comme si c'était un cycle infini. Foutu cercle vicieux. Les temps de jeux avec son meilleur ami augmentaient, alors que les temps d'études et de vie familiale avec ses parents diminuaient. Si bien qu'il vivait pratiquement chez son meilleur ami, à geeker, ne prenant la peine de sortir que lorsque le frigo était vide. Ses parents, qu'est-ce qu'ils faisaient dans tout ça ? Boh, pas grand chose. Ils étaient tellement occupés par leurs boulots et par leurs vies sexuelles que leur enfant, leur unique enfant, passait en dernier. Dongyul s'y était fait depuis gamin à cette vie, mais lorsque son père eut un accident de voiture, auquel il ne survit pas, ses petites habitudes prirent fin.
Il n'avait pas vraiment été affecté par la mort de son père. Bien sûr, quelques larmes avaient coulé le jour de l'enterrement. Il se souvenait de certains souvenirs, lorsqu'il était encore tout jeune. Mais plus aucun  lien, mis à part les liens du sang, ne le liait avec son géniteur. Cependant, l'annonce de sa mère à la suite de la mort rapide et soudaine de son père ne le laissait pas de marbre. Ils déménageaient, pour aller s'installer dans la capitale, à Séoul. Il allait quitter ses habitudes, son cocon, sa ville, son meilleur ami, et il en était hors de question pour lui. Il avait d'abord essayé de discuter avec sa mère, mais elle ne voulait rien entendre, évidemment. Les parents de son meilleur ami aussi avaient essayé de parler avec Madame Kang, lui expliquant qu'ils étaient prêt à prendre en charge Dongyul. Sans grand succès non plus. Il avait essayé de fuguer aussi, mais pour aller où ? Le seul endroit où il pouvait aller était chez son meilleur ami, mais sa mère le retrouverai obligatoirement. Alors, il fut contraint d'emménager à Séoul.

***

Séoul. Une nouvelle ville, une nouvelle vie. Ma mère ne faisait que de me répéter ça, tous les jours, matin, midi et soir. Elle s'était rendue compte que j'avais été livré à moi-même, éloigné de mes parents, et le pire c'est qu'elle ne se remettait aucunement en question. Non, elle blâmait mon meilleur ami pour ça. C'est lui qui m'a en quelque sorte gardé en vie, lui et sa famille. Pour ma mère, ils ne sont que démons et enfers. Si seulement elle se voyait, elle se détesterai tellement qu'elle ne supporterait pas de vivre. Elle est complétement aveuglée par ce que mon géniteur lui a inculqué. "Si jamais on a un gosse, il aura intérêt à nous être utile." "Dongyul, tu sers à rien, j'vois même pas pourquoi j'ai l'extrême gentillesse de t'héberger sous mon toit. Tant que tu ne rapportes pas de fric à la maison, tu ne sers strictement à rien de plus qu'un tas de merde." Combien de fois j'ai entendu mon géniteur me dire ça.. Au début, je pleurais, mais à force de me recevoir des gifles, j'ai vite compris que ça ne servait à rien.
À l'école, je n'avais pas d'amis. Je restais seul dans mon coin. Pour eux aussi, je ne dois surement rien être, rien de plus qu'un tas de merde. J'étais tellement persuadé d'être un tas de merde, encore plus le jour où il est venu me voir. À force d'éviter les gens, j'étais devenu comme un fantôme. Mais lui était venu me voir, avec son grand sourire et son air con. "Enchanté, moi c'est Lee Junmin, j'peux être ton ami ?" Apparemment, j'avais tiré une sale tête parce qu'il s'était mis à rire tellement bruyamment que ça m'avait tué les oreilles. D'ailleurs, j'suis persuadé d'avoir des séquelles de son rire bruyant, tellement il rigole à longueur de journée. Je n'avais pas répondu à sa question. Qu'est-ce que je pouvais bien y répondre ? Mais cela ne l'avait pas empêché d'être resté avec moi toute la journée. Alors, on a commencé à parler ensemble, puis il m'a fait découvrir les jeux vidéos. Dès qu'on avait du temps libre, on le passait chez lui, à jouer et à rigoler ensemble. Sa mère m'avait tout de suite adopté, et je me souviens avoir eu peur de son comportement la première fois que je l'ai vu. Bah quoi, c'était bien la première fois qu'un adulte se comportait comme ça avec moi.  Junmin n'avait vu qu'une fois mes parents, à la sortie de l'école. Ils étaient là pour rencontrer mon professeur. Je crois que c'était la seule fois où ils se sont intéressés à mon parcours scolaire.
Une fois arrivés à l'âge d'aller au lycée, Junmin et moi avions rompu avec nos études. Sa mère avait bien essayé de nous dissuader, mais elle était de plus en plus prise par son travail, alors elle abandonna vite. On passait nos journées dans sa chambre, on devenait de plus en plus proches, physiquement.
Un jour, sa mère arriva en pleurs dans sa chambre, annonçant que son père était mort. Junmin dû alors se rendre aux funérailles. J'étais resté trois jours seul, dans sa chambre, couché dans les draps du lit où nous dormions avec un tee-shirt de mon meilleur ami sur moi pour sentir son odeur comme une petite pucelle amoureuse. Wait, what ? Non, je n'étais pas amoureux de mon meilleur ami, même si je savais que les filles ne m'intéressaient pas particulièrement. Mais, j'étais énormément attaché à lui. On était h24 ensemble, alors c'était dur de passer trois longs jours sans lui. Lorsqu'il est revenu, nous avons fait quelque chose qui... n'a pas vraiment changé notre relation. Nous étions juste encore plus proches physiquement, on s'embrassait plus souvent. Mais on ne l'a jamais refait. On n'en avait même pas parler, on a continué à vivre comme s'il ne s'était rien passé.

Je suis arrivé à Séoul à l'âge de 18 ans. Comme j'ai arrêté mes études, ma mère voulait que je retourne à l'école. Je n'avais pas trop le choix, et puis, si je voulais avoir ne serait-ce qu'un minimum d'avenir, ou de quoi me nourrir, il fallait bien que je me trouve un travail. Et sans études, c'est pas vraiment facile facile. À peine quelques mois après mon arrivée à Séoul, j'avais déjà une réputation de pute de luxe dans l'université. Pas que je couchais avec tout le monde. Haha, loin de là. Je n'ai du coucher qu'avec deux ou trois personnes. Mais à croire qu'elles ont tellement pris leurs pieds, qu'elles n'ont pas pu s'empêcher d'aller le raconter à la moitié de l'université.
Ma mère avait repris ses activités, et elle fréquentait plusieurs hommes. À croire que c'était de famille de faire la pute. Elle ramenait ses "affaires" à la maison, et s'en était devenu insupportable pour moi. Avec un peu de chance, j'ai trouvé un appartement en colocation pas chère. Il y avait déjà une personnes qui vivait dans l'appartement. J'ai pris la place sans hésiter, "empruntant" de l'argent à ma mère que je comptais pas rembourser. De toute façon, avec ce qu'elle gagne, ça ne devrait pas la déranger. Et puis, c'est pour toutes ces années où elle ne s'est pas occupée de moi.
C'est à 19 ans que je commençais à travailler en tant que barman dans le bar à côté de mon nouvel appartement. J'allais à l'université l'après-midi, et j'allais concocter des boissons alcoolisées - ou non - le soir, jusqu'à tôt le matin.