Quelques années après m'avoir eu, ma mère a eu le cancer du col utérin, et ne voulu plus d'enfants, ce qui a fait de moi la seule héritière du savoir de la famille Byun, et celle qui devait reprendre le flambeau.  Mais à 5 ans, on ne sait pas vraiment ce qui nous attend.

Lorsque j'étais toute petite, il fallait dire la profession de ses parents en se présentant devant toute la classe. J'ai pu dire que mon papa était policier et ma maman avocate, et qu'ils mettaient tous les deux les méchants à la prison pour sauver les personnes gentilles. Quasiment tous les enfants disaient que c'était super, et que je devais être contente d'avoir des parents aussi gentils, et je leur répondais que j'étais très contente, en effet. Sauf que ce n'était pas tout à fait le cas.

Le bureau d'avocat de ma mère était dans une résidence secondaire dans la ville, proche de mon école primaire. Je passais la plupart de mes journées dans son bureau, à jouer entre les piles de dossiers qui traînaient un peu partout, à essayer d'avoir de l'attention des étudiants qui assistaient ma mère et son équipe, à faire mes devoirs dans la cuisine pour ne pas déranger les étudiants, et à jouer et dormir dans l'unique chambre à l'étage. Comme mon père passait la plupart de son temps dehors, je n'avais pour seule réelle compagnie l'homme qui assistait ma mère, et qui partait que de temps en temps lorsqu'ils avaient besoin d'une présence masculine. Je connaissais également depuis toute petite le poste de police où travaille mon père, ainsi que le centre juridique et plus particulièrement le petit banc qui faisait face à la grande porte qui me séparaient de la cour de justice.

J'ai grandit en entendant le jargon juridique et policer, à voir mes camarades qu'à l'école ou lorsqu'on m'invitait chez eux. Même si mes parents voyaient bien que je m'ennuyais assez souvent, ils me donnaient juste un cahier de dessin et des crayons, et retournaient à leur travail. Je dessinais tout et n'importe quoi, mais surtout des habits. Lorsque j'ai grandit, on m'a offert un kit de couture et j'ai commencé à faire des habits pour mes poupées, mais seulement lorsque j'avais fini toutes mes leçons.

J'ai essayé de me rebeller au lycée, à faire le mur pour rejoindre mes amis et m'amuser, enfin. Sauf qu'avec de tels parents, il m'était impossible de retourner chez moi sans avoir une sanction, et j'ai de suite arrêté. J'ai suivis les ordres de mes parents, et jusqu'au bout. Je suis entrée en école de droit, ma mère voyant en moi une future avocate de renommée, et mon père me voyait déjà assistante du procureur. Moi, je me voyais derrière des barreaux, enfermée dans un monde que je n'aimais pas. Mais que je suivais, parce que j'ai appris à ne jamais désapprouver mes parents et à suivre leurs ordres, puisque c'était ainsi que ma vie a été dictée.

Mon seul moyen d'avoir un peu la paix, en dehors de voir mes amis et de dessiner et concevoir des vêtements, était d'aller sur internet et rencontrer d'autres personnes, sans qu'ils disent de suite "Oh, tu es la fille de l'avocate Byun Mi Rae et du policier Byun Jun Hae ?", sans préjugés, sans visage sur un nom. Et c'est ainsi que j'ai rencontré Kang Jun, et que j'ai eu le coup de foudre pour lui. Il ne passait pas un jour sans que je voulais lui parler, et même si ce n'était pas longtemps car nous étions tous les deux occupés, on devait se parler. On s'écrivait, on se téléphonait, on parlait de tout et de rien. Je suis très vite tombée amoureuse de lui, et par miracle, il m'aime en retour.

Cela fait deux mois seulement qu'on est ensemble, mais il est tellement parfait que j'aimerais vraiment l'avoir plus tard comme mari ! Sauf que mes parents ont décidé de tout foutre en l'air en me présentant un "très merveilleux jeune homme" qui pourrait me plaire. Ou plutôt, qui leur plaisait à eux et à leur envie de voir leur pouvoir s'agrandir avec le fils d'un très grand médecin et d'une avocate. Sauf que lui, je ne l'aime pas. Je ne veux pas d'un mariage arrangé, et je leur ai bien fait comprendre.

Tout ce que je veux,  c'est rencontrer Kang Jun, et avoir une vie avec cet homme parfait. Tourner enfin le dos à mes parents, leur montrer que non, je ne suis pas heureuse avec cette vie, avec ce destin.